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Faire mémoire. À l’heure où la fréquentation des églises baisse, les funérailles semblent pourtant ne pas pouvoir se passer de rites. Civils ou religieux, de nouveaux cérémonials s’imposent sur le chemin du deuil.

« Nous avons quitté le funérarium et nous sommes allés directement au cimetière pour l’inhumation ! Il n’y avait eu ni cérémonie, ni discours. J’ai vraiment eu l’impression que nous avions enterré un chien. » Cinq ans après, Alain n’a toujours pas oublié le sentiment d’inachevé que lui ont laissé les obsèques d’Hervé, son ami d’enfance. « J’aurais aimé lire un texte, partager mon chagrin avec les personnes présentes, montrer à mon vieux copain que nous étions là et que nous pensions a lui. Au lieu de cela, c’est comme si je ne lui avais pas vraiment dit adieu. »

Accompagner

Le désarroi d’Alain est un sentiment bien connu des professionnels des pompes funèbres, des psychologues, des prêtres, des laïcs engagés dans l’équipe funérailles de leur paroisse. À force de côtoyer et d’accueillir toute l’année des familles en deuil, tous savent la place essentielle
qu’occupent les rites funéraires lorsque survient un décès, combien ils comptent dans le processus de deuil à venir. Les Français, d’ailleurs, en sont
conscients: près de 80% d’entre eux envisagent d’organiser une cérémonie, civile ou religieuse, pour leurs propres  obsèques ou celles de leurs proches.

Un chiffre qui souligne à quel point le besoin d’un accompagnement reste vif dans ces moments-la. « Depuis des millénaires, prendre soin des défunts est un signe distinctif de l’humanité. Même l’homme préhistorique recouvrait de pierres les cadavres des membres de sa tribu pour les protéger des bêtes, explique François Michaud-Nérard, directeur des Services funéraires de Paris. Un enterrement ne peut pas n’être qu’un geste technique. Il revêt
un sens. Le rite fait prendre conscience de la séparation physique. C’est également l’ultime moment collectif avant que chacun s’engage, de
manière individuelle, sur le chemin du deuil.

Donner du sens à la mort

« Même les non-croyants sont demandeurs d’une firme de transcendance, pour donner une signification à la disparition des êtres chers », constate par ailleurs François Michaud-Nérard. Cela passe, entre autres, par une personnalisation des funérailles : lors des cérémonies civiles, familles et amis sont de plus en plus régulièrement invités à lire des textes ou à raconter le lien les unissant aux défunts, pour lui rendre hommage. Ils rappellent ainsi qu’il a eu une vie pleine et accomplie. Car le moment de l’adieu annonce le début d’un autre cycle : celui de la mémoire.

« On ne dira jamais assez le besoin qu’ont les familles d’avoir des lieux de recueillement, qu’il s’agisse d’une sépulture d’un colombarium ou d’un jardin du souvenir dans le cas des crémations, précise Christian de Cacqueray, responsable du Service catholique des funérailles d’île-de-France. Une fois les rites achevés, ils deviennent a leur tour un moyen d’ordonner le chaos suscité par le deuil. »

Source : par Alice Le Dréau (Pélerin)
(*) Enquête lpsos/Services funéraires de la Ville de Paris, juillet 2010.

 

Témoignage

« J’ai perdu mes parents à l’approche de la cinquantaine. D’abord mon père, de manière inattendue, en réaction à un traitement médical. Puis ma mère, moins de deux ans plus tard, des suites d’une longue maladie. J’ai alors réalisé que l’on devient orphelin à tout âge.

Là où je m’attendais à réagir en adulte, je me suis retrouvée totalement démunie. Si le départ des parents nous happe du côté de l’enfance, c’est que nous perdons avec eux les témoins de nos premiers pas, c’est un indicible sentiment d’abandon, sinon de révolte. C’est tout le travail du deuil que
de répondre peu à peu à ces questions.

La découverte d’une correspondance amoureuse entre mes parents a débouché sur l’écriture d’un livre. Ainsi, j’ai peu à peu trouvé l’apaisement. Quels que soient une partie de nous-mêmes qui disparaît. Les premiers sentiments sont contradictoires. Bien sûr, il y a le chagrin. Mais aussi les comptes que nous avons à régler avec nos parents, vient finalement le temps où l’on s’aperçoit qu’ils ont fait ce qu’ils ont pu. Un nouveau lien, pacifié, plus doux, s’établit alors avec eux. Cela peut prendre des années. »

Lydia Flem, écrivain et psychanalyste – propos recueillis par Sophie Laurant (Pèlerin)

Pour aller plus loin :

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