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Les arguments de ses promoteurs sont nombreux, mais ils méritent de s’y arrêter : que penser de ces « avantages » de la crémation ? Quid des inconvénients ?

Et toi, tu as déjà une idée sur la question ? Pour ou contre la crémation ? Viens nous donner ton avis sur le chat’ !

L’argument financier en faveur de la crémation

D’abord, l‘un des avantages de la crémation serait… financier. En effet, elle ne coûte en moyenne que 470 euros, contre 2 500 euros pour une inhumation classique (hors achat d’un carré et construction d’un caveau, l’argument du foncier entrant alors aussi en ligne de compte…). Soit, mais dans ce cas, pourquoi n’autoriserait-on pas carrément de brûler le corps du défunt au bord d’une rivière, comme on le voit en Inde, ce qui serait beaucoup moins cher ? Nos défunts ne méritent-ils pas mieux ?

La crémation, plus courte qu’un enterrement classique ?

Un autre des avantages de la crémation serait que la cérémonie serait plus courte qu’une messe d’enterrement (sic!), plus facile à organiser et donc aussi moins douloureuse… Mais de nombreux psychologues ne sont pas de cet avis : en effet, brûler un corps n’est symboliquement pas anodin. Comme l’écrit Marie-Frédérique Bacqué, professeur de psychopathologie clinique à l’université Louis-Pasteur de Strasbourg, « la symbolique du feu est ambiguë » : « certes le feu purifie, en particulier lorsque la mort suit une maladie considérée inconsciemment ou collectivement comme contagieuse, mais en général, le feu reste dans les mémoires comme la destination insigne des sorcières et des impies. » (1).  Dans l’histoire, n’a-t-on pas souvent brûlé sur la place publique ceux qui étaient présentés à la population comme haïssables ? D’ailleurs, à ce sujet, on peut lire ce commentaire sur le blog Religions du quotidien Ouest-France : « on dit « incinérer » pour des ordures, mais on préfère « crématiser » pour les êtres humains (…) la terre appartient aux vivants. » Et cette réponse qui ne manque pas de sel : « J’y vois, dans la première, comme un parallèle inconscient entre le corps mort et un déchet, parallèle que l’on cherche à masquer par un artifice de vocabulaire. Mais les mots sont têtus. Et je n’aime pas davantage le mot « crématiser ». Personnellement, j’associe crématiser, crémation, crématorium et crématoire, comme les fours de sinistre mémoire ».

Du reste, pendant la crémation – à laquelle on peut souvent assister « en direct » grâce à un écran –  le défunt ne garde pas l’apparence d’un dormeur paisible, endormi dans la mort. Les bruits du feu qui parfois s’échappent parfois peuvent donnent l’idée qu’il se passe quelque chose de difficile pour le défunt (1), ce qui peut rendre les choses plus douloureuses encore pour les proches. Et, sur les bûchers, on observe parfois des mouvements liés à l’échauffement du corps, ce qui peut être très effrayant ! De plus, la rapidité de la crémation peut être mal à l’aise les endeuillés qui peuvent culpabiliser en ayant l’impression d’agir délibérément et artificiellement sur leur défunt, d’avoir une action directe sur la transformation du corps et de procéder à sa disparition radicale. Et dans le cas de dispersion des cendres, une absence de support de la mémoire qui peut rendre le processus de deuil plus difficile. Le suivi des funérailles montre aussi qu’il existe un certain trouble chez les familles qui ont manqué de réflexion ou de références familiales et s’inquiètent du déroulement du deuil sans le « support traditionnel » (1) que présente un enterrement classique avec ses étapes, mise en bière, cérémonies et inhumation . Cependant, cela n’empêche pas certains promoteurs de la crémation d’affirmer que le premier avantage est de « pouvoir rapporter chez soi l’urne contenant les cendres du défunt et en faire un élément de décoration » (sic).

D’accord ? Pas d’accord ? Viens nous donner ton avis sur le chat’ !

Aucune « dérive » possible, avec la crémation ?

Il ne s’agit pas là d’avantages de la crémation, mais d’un inconvénient majeur : hélas, la crémation peut engendrer des rites « étonnants » qui auraient besoin d’être ajustés et mieux discernés, ainsi ces recommandations d’un chasseur appartenant au groupe des Lingons (habitants de l’actuelle région de Langres, en Haute Marne) au sujet de ses funérailles (3) :

Attirail de chasse, Johanness Leemans (1633), Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles.

« Je veux que tout mon attirail, que je me suis procuré pour chasser et prendre les oiseaux, soit brûlé avec moi : épieux, glaives, coutelas, filets, pièges, lacets, flèches, tentes, épouvantails, mes baignoires, mes litières, ma chaise à porteur et tout l’équipement et l’attirail en rapport avec cette occupation, et mon bateau en osier, sans que rien de tout cela ne soit soustrait ; de même mes vêtements damassés et brodés (…) tout ce que j’en aurai laissé et toutes mes étoiles en corne d’élan… ».

Faut-il ici aussi respecter les dernières volontés du défunt ? Compliqué…

Alors, qu’en penses-tu ? Viens nous donner ton avis sur le chat’ !

La crémation, plus écologique ?

Enfin, l‘un des avantages de la crémation serait… écologique :

  1. La crémation empêcherait la corruption du sol.
  2. L’eau potable serait préservée de la contamination
  3. La corruption de l’air serait évitée dans les localités voisines des cimetières, avec une diminution conséquente du danger d’infection en période d’épidémie.

On peut d’abord répondre (3) que les cimetières ne sont pas une cause d’infection de l’air. En effet, dans tout cimetière bien ordonné, la putréfaction a lieu à six ou sept pieds sous la surface. A l’air libre, avec l’abondance de l’oxygène, la corruption progresse plus rapidement, avec une décharge continue de gaz nocifs en grande quantité, hautement délétères pour la santé, mais il n’en est pas ainsi dans la tombe. Mantegazza, célèbre bactériologiste, a montré (4) que, là où il n’y a qu’une faible quantité d’oxygène, les corps se décomposent sans dégager la moindre odeur.

Souvent aussi, le corps humain est tellement réduit avant la mort que, dans la terre, il ne subit que peu ou pas de corruption, mais est d’abord momifié, puis lentement réduit en poussière. De même, la pression de la terre empêche dans une large mesure la décomposition chimique, produisant à la place du gaz un liquide qui entre dans diverses combinaisons avec les matériaux du sol, sans le moindre danger pour les vivants.

De plus, la terre est un puissant agent de désinfection. Même si des gaz nocifs s’échappaient en quelque quantité, ils seraient absorbés en s’échappant, de sorte qu’une très petite partie atteindrait la surface, ou si le sol n’était pas apte à l’absorption (comme c’était le cas, dit-on, au cimetière du Père-Lachaise), le processus serait repris par la matière végétale de la surface. On dit aussi qu’il n’est pas plus vrai de dire que les cimetières sont une menace pour les puits d’eau. Charnock, Delacroix et Dalton ont prouvé que sur trois parties d’eau de pluie, une seule pénètre dans le sol, les deux autres s’évaporant ou s’écoulant dans les rivières. Or, dans les cimetières, les cadavres ne sont pas placés de manière à former des strates continues, mais une distance modérée sépare deux corps ou rangées de corps. Le tiers de la pluie qui pénètre dans le sol d’un cimetière ne touche donc que très peu les corps, et ce qui le fait n’atteint pas tous les cours d’eau, mais est absorbé par la terre, de sorte que les gouttes restantes qui finissent par ruisseler dans le cours d’eau n’ont absolument aucun effet, que le cours d’eau soit grand ou petit. Deux expériences l’ont prouvé : les médecins susmentionnés ont choisi un réservoir de 18,6 m de haut, l’ont rempli de sable et y ont filtré pendant plusieurs mois les eaux d’égout provenant des canalisations de Paris. L’eau reçue au fond de la cuve a toujours été trouvée pure, claire et potable.

Une expérience semblable a été faite avec un récipient plus petit et les résultats ont été les mêmes. Afin d’anticiper la difficulté, à savoir que ce qui s’est avéré pour une expérience avec de petites quantités s’avérerait faux si la quantité d’eau était très grande, une grande étendue de terrain près de Gennevilliers a été inondée pendant de nombreux mois avec les mêmes eaux putrides et empestées de la Seine après qu’elles aient traversé les égouts de Paris. Le résultat fut le même. Des puits furent creusés dans la partie inondée, et l’eau fut à nouveau trouvée pure et claire, plus pure, comme par hasard, que celle d’autres puits situés en dehors des limites du lieu d’expérimentation. De la même manière, les eaux des cimetières de Leipzig, Hanovre, Dresde et Berlin ont été examinées et se sont avérées plus pures et exemptes de matières organiques que les puits de la ville !

En conclusion : ces « avantages » de la crémation en sont-ils vraiment ? Il semble que non : la crémation n’est pas plus écologique, elle ne limite pas plus la douleur des familles et rend même souvent plus difficile le processus de deuil par son côté expéditif.

Du coup, ton avis ? Viens nous le donner sur le chat’ :Pour aller plus loin :


Notes

(1) et (2) : « Pourquoi la crémation résiste sur le plan psychologique en France », par Marie-Frédérique Bacqué, Dans Études sur la mort 2007/2 (n° 132), pages 47 à 54.

(2) Extrait d’un article de William Devlin sur Catholic.com traduit pour Lavieapreslamort.com.

(3) In Coulon G., Golvin J.-C. (2006) Voyage en Gaule romaine, Actes Sud, Arles, Paris.

(4) Civilta Cattolica, Ser. IX, Vols. X—XII.

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