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Comment survivre à la mort d’un enfant ? Voici une question bien difficile face à une grande souffrance, à laquelle nous allons essayer de répondre. 

Perdre son enfant : le témoignage d’un couple

« La mort d’un enfant, c’est tout simplement terrible, c’est un choc très dur à assumer. C’est pour la mère un arrachement dans ses entrailles : une partie de soi s’en est allée, laissant un vide douloureux que le temps atténue très doucement. Ce contact avec la mort à travers son enfant apparait terrifiant et complètement injuste : pourquoi cet enfant, si jeune, si innocent ? Après le chaos, le temps de la réflexion peut progressivement apaiser le coup de poignard (qui reste planté), aider à relativiser les problèmes quotidiens, à souder davantage encore les liens dans le couple, dans la famille et avec les amis. La réflexion soulève aussi le problème de l’au-delà et de notre foi. Réflexion
omniprésente, en rapport avec les raisons de cette disparition, et le devenir de cet enfant (que nous ne pouvons pas croire mort, puisqu’il vit tellement en nous) mais aussi en rapport avec le vécu quotidien, avec les autres enfants et leurs leurs interrogations. Cette mort nous a transformés, nous ouvrant davantage aux problèmes des autre. »

La mort d’un enfant est une grande souffrance

Autrefois, la mort était la compagne de l’enfance, un enfant sur deux mourait dans chaque famille, il y avait ceux qui demeuraient, et ceux qui étaient partis au ciel. Aujourd’hui, en Occident, la mortalité infantile est faible (elle remonte un peu depuis quelques années). La mort d’un enfant suscite alors une énorme souffrance faite de sentiments divers :

  • Une révolte devant l’intolérable, l’inadmissible. Quand c’est enfant gravement malade, même les soignants ne peuvent s’y résoudre. Un enfant, ce n’est pas fait pour mourir, mais pour vivre ! Et pourquoi, lui ? L’écrivain et journaliste Geneviève Jurgensen disait : « La mort de votre enfant, c’est une réalité qui vous rentre progressivement dans le cœur et le corps comme un clou que l’on enfonce jour après jour. » « On refuse de le croire, on se dit que c’est un cauchemar au point de chercher son enfant parmi les autres à la sortie de l’école. »
  • Une impuissance déchirante, une hébétude : « On n’a rien pu faire ». Pour Fabien, 5 ans, atteint d’une leucémie, papa qui est « très fort » va le guérir. Le père, prostré, ne supporte plus le regard implorant de son fils. Le choc est d’une telle violence que parfois, même si le corps n’est qu’un cri, les larmes ne viennent pas.
  • La souffrance de voir souffrir ceux qu’on aime le plus au monde. De voir cet enfant fragile perdu dans ce monde inconnu de l’hôpital. De voir souffrir l’innocent.
  • La culpabilité : on devient coupable de tout, sans raison : de n’avoir pas vu plus tôt la gravité, de n’avoir pas choisi la bonne équipe médicale, de n’avoir pas assez gâté l’enfant, de l’avoir grondé quand il se plaignait, etc.
  • Les regrets : on n’a pas assez profité de sa présence, on ne l’a pas assez cajolé.
  • La solitude : malgré les gentillesses d’autrui, les parents se sentent souvent très seuls et incompris. Les parents sont souvent même incapables de se réconforter entre eux, puisque chacun souffre.

Pauvres suggestions pour ce temps d’épreuve

Qui oserait penser qu’il peut donner des conseils pertinents à des parents dans la peine ? Le pape Jean-Paul II disait que parfois, face aux grandes souffrances, il faut le silence. La mort d’un enfant en est une.

Voici tout de même quelques suggestions que donnent souvent les couples qui ont connu cette épreuve de perdre un enfant :

1. Accompagner l’enfant dans sa maladie

  • Par la parole d’abord : l’enfant a droit à une certaine vérité : il comprend très vite si on lui ment sur son état : maman ne me gronde même plus, même si j’arrache les cheveux de mon petit frère » disait Laurence, 7 ans. N’hésitons pas à lui dire qu’il a une maladie grave. Mais disons-le avec sérénité, et toujours avec une note d’espérance. Attention au désarroi des parents que l’enfant lit dans leurs yeux, ou aux paroles feutrées à son chevet.
  • Par l’écoute : l’enfant doit pouvoir exprimer sa souffrance. Exprimée, elle est moins forte pour lui.
  • Par le geste : il est des câlins qui font que l’enfant est presque ravi d’être malade.

2. L’enfant mort, ne pas craindre de crier sa peine, de pleurer

Trouver des amis auprès desquels on peut pleurer simplement sans explications… « Ce qui ma sauvé, c’est de pouvoir pleurer tout mon saoul, de dire et redire ma peine, parler et reparler de mon enfant. »
Pour les chrétiens : ne pas hésiter à « crier » sa peine et sa révolte dans sa prière.

3. Découvrir la gentillesse de votre entourage

Même si cette gentillesse ne dure pas toujours dans le temps, sachez l’apprécier. C’est dans la peine qu’on voit ses amis. Et ils existent, chaleureux et empressés, même s’ils sont parfois maladroits, même s’ils ne savent pas toujours faire silence ou trouver les mots qui ne font pas mal.

4. Éliminer tout sentiment de culpabilité

Quand on a cru bien faire, on n’est pas responsable des conséquences imprévisibles alors. C’est trop facile, après coup, de dire qu’il fallait agir autrement ! On peut se dire « si on avait su » mais justement, si vous aviez su, vous auriez fait autrement, donc ne pas culpabiliser !

5. Découvrir tout ce que cet enfant nous a apporté

Même si sa vie a été courte, faire mémoire de tout ce que l’enfant nous a apporté nous aide à mieux comprendre « l’utilité » de cette vie trop vite fauchée : on peut souvent lui dire merci, comme Patrice et Annick dans ce témoignage : « Adieu, Géraldine ».

6. Donner un sens à cet événement pour que justement cette mort soit « utile »

Cette mort n’est-elle pas un appel à centrer sa vie sur l’essentiel, à mieux percevoir la gravité de l’expérience humaine ? La valeur accordée aux choses a changé. « Je suis persuadée que ma petite m’attend quelque part. Ce n’est pas la foi en Dieu qui me fait dire ça, c’est bien au-delà, quelque chose de viscéral. J’ai retiré de cette épreuve un amour insensé pour mes enfants. L’essentiel est là. ».

Cette mort n’est-elle pas pour le couple, pour la famille, une invitation à davantage se souder dans la peine, au lieu de s’arrêter sur des désaccords futiles ?

Cette mort n’est-elle pas une occasion de nous ouvrir au grand problème de la souffrance des autres ? Geneviève Jurgensen a fondé la Ligue contre la violence routière après l’accident mortel de ses deux filles, pour venir en aide aux familles…

Pour le papa comme pour la maman, la mort d’enfant est une très grande souffrance, qui nécessite un travail de deuil.

7. Commencer le lent mais nécessaire travail de deuil

Ce n’est pas évident d’accepter la mort d’un enfant. C’est même quasiment impossible. Mais il importe de ne pas rêver, de ne pas le considérer comme non-mort, comme toujours vivant (sinon, pour le croyant, dans l’au-delà, mais vivant autrement). Cet enfant est mort : on ne peut hélas plus espérer le revoir ici-bas, ni le serrer dans nos bras, la dalle du cimetière s’est refermée…

Il ne s’agit pas de cultiver systématiquement le souvenir, en faisant un musée de ses jouets ou vêtements : « j’ai découvert que ses petits habits demeureraient plus vivants s’ils retrouvaient le circuit de la vie, s’ils étaient portés par d’autres, garder ces deux petits chaussons, c’était le figer à l’âge de sa mort, puisque autrement il aurait grandi ».

II ne s’agit pas non plus de le faire revivre dans un autre enfant qui serait comme chargé de le remplacer. Un autre enfant peut opportunément être appelé à la vie, mais il est entendu qu’il est un autre, et qu’il ne portera pas le nom de l’enfant mort, et qu’on ne le mettra pas en comparaison avec lui.

Donc, en résumé :

  • Quand le manque est trop lourd après la mort d’un enfant, le dire, le crier.
  • Se donner le droit de revivre, sans culpabilité : des parents se refusent le droit de revivre, d’être heureux, puisque, pensent-ils, leur enfant ne vit pas.
  • Regarder vers l’avenir, vers nos autres enfants qui ont besoin de tendresse. « Je n’avais pas le droit d’abimer la vie de mes proches. »
  • Se donner le droit de re-sourire, d’être heureux : n’est-ce pas ce que notre enfant nous aurait souhaité ?

Le travail de deuil est fait quand on se surprend à pouvoir de nouveau rire sans culpabilité : on a intégré l’événement dans sa vie. Une maman témoigne : « Quelqu’un m’a dit aux obsèques : vous verrez, on s’habitue à tout. J’ai trouvé sur le coup cette parole brutale, mais aujourd’hui, je dis qu’elle est juste, je sais qu’on peut retrouver un bonheur ».

Et vous, qu’en pensez-vous ? Concerné(e) par la mort d’un enfant ? Venez en parler avec nous sur le chat’ :

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